MILLAU-VID Texte et photographies réalisées à Saint Martin du Larzac, commune de Millau, au 30ème jour du confinement. La lumière est toujours là. Le Larzac des champs, à contre courant, le Larzac des lavognes, des nobles besognes. Le Larzac de brume, de baumes et de buissières. Pas étonnant que les hommes, les femmes en soient fiers de leur plateau d’argent, ciselé, tailladé, rampant, de leur Rajal couleur pourpre sous le vent d’autan. Guère étonnant que le vent y trouve grâce, à tournoyer, à louvoyer, à jouer les garces. Sans muselière, sans porte-voix, en aboyant, en hurlant. Le Larzac peut grincer, chantonner, siffler à nos oreilles. Il peut s’éteindre, briller, s’effacer, à jamais pareil. La lumière est toujours là. Dans cette buissière, elle tire des lignes, elle fuse, elle perce le mur végétal. Elle ricoche sur la pierre, elle rebondit sur ces racines en souffrance, sur ces troncs noueux, parfois coudés, parfois déliés. Elle est opaque, compacte, sombre comme un tombeau. Elle est puits de lumière, puits de fraîcheur, puits de silence. Le vent la caresse par la cime, le vent s’y casse les dents. Elle est pénétrable, impénétrable lorsque l’homme l’abandonne. Elle s’enfuit, droite, puis elle ondule, elle s’épaissit soudain, elle s’éclaircit, puis plus rien. Seules quelques roches noires alignées, quelques clapasses ajustés, empilés, triés sur le volet. Puis le tunnel se reforme, en ovale, en ogive, en obus. A nouveau le sombre, l’obscur, à nouveau une enfilade, une chicane. Puis l’espace, comme une offrande. Soudain, […]