MILLAU-VID Il y a parfois des petites phrases anodines qui s’accrochent à votre mémoire. Elles peuvent même s’accompagner d’une image, d’un objet insolite ou familier, d’une odeur saisissante, d’une saveur, d’une mélodie des champs ou d’un bruit assourdissant pour résister ainsi à toutes les épreuves du temps. . «J’aimerais courir les Templiers». Cette phrase, je ne la relie à rien mais je m’en souviens. Pas de date précise, non, mais du jour oui, un vendredi, jour de marché, Place Foch, devant l’étal de Loïc Alméras à acheter asperges et radis, celui-ci d’ajouter «Les Templiers, ça me tente». Je l’avoue, j’ai douté car l’homme devant moi, je l’avais enfermé, sans réfléchir, là tel que je le voyais, en maraîcher, ni plus, ni moins, sans supposer qu’il puisse en short et jambes nues, se parer d’un dossard et d’une tenue Templiers. Sauf que l’air de ne pas y toucher, ce bon caussenard rustique, malin et curieux termine quelques mois plus tard 316ème au classement final. Il se trouve que cet après-midi là, au hasard de mes allées et venues le long de la Bergerie, je l’ai vu franchir la ligne d’arrivée, frais comme un goujon et heureux comme un vairon frétillant dans l’eau claire de la Dourbie. Je lui demande son temps «10h34’… !!!». J’ai ouvert de grands yeux, je me suis incliné pour le féliciter, au fond de moi, bien morveux d’avoir douté de ses capacités, complice de vieux clichés. J’aurais pu rencontrer Loïc Alméras à la Tindelle, ce […]