MILLAU ET SAINT-IZAIRE VID Scoubidou, Roudoudou, Dourdou, il y a des mots, vous les jetez en l’air, ils retombent toujours sur leur pattes. Toujours prêts à se redresser, à rebondir et filer l’ait léger, frétillant, une main tendue, un doigt tendu, manière de dire « allez suis moi, attrapes moi si tu peux !?». Dourdou, je le soupçonne d’être encore plus espiègle, plus torsadé mais parfois, par surprise, gracile et docile, le genre de petit mot que l’on cache sous son oreiller comme une dent de lait, pour quémander une offrande chamarrée, pour se souvenir d’un parfum caché. Le genre de petit mot à mettre dans sa bouche, comme un gros berlingot, coincé joue gauche, joue droite, à faire rouler tel un rouet pour filer le bon sucre mordoré. Le Dourdou permet ce genre de digression, de rêverie enfantine, le Dourdou, c’est en toute simplicité le nom d’une petite rivière chenapan qui venue de Brusque puis du Rougier s’est taillée une belle vallée aux abords assagis, s’offrant même quelques fantaisies, quelques belles courbes en ourlets et boutonnières, Magdas, Montlaur, Le Cambon, Saint-Izaire et sa forteresse médiévale avant de mourir dans le Tarn au pont de Beluguet. Le Dourdou est espiègle et docile. On le croit paresseux, à prendre son temps tout en déliés, ses petites plages sablonneuses et rafraîchissantes, sa robe pourpre affriolante mais trompeuse. Mais c’est se méprendre car cette rivière peut piquer et rugir de grosses colères. Explication «regardes, tu vois la hauteur de la fondation» […]