MILLAU-VID Quelle que soit la raison, il y a toujours un côté très solennel à monter les marches d’une mairie. Pas à la Chaban-Delmas sur le perron de son duché d’Aquitaine, la serviette sous le bras, la foulée alerte et le sourire bright écarlate. Non… ! Avec silence, à pas feutrés sur le velours rouge de l’escalier, en tenant ferme la rampe de bois verni, un clin d’œil bref aux visages de granit, aux peintures à l’huile représentant ces notables d’autrefois, abbés, avocats, écrivains qui ont œuvré pour le bien de la cité. Pour atteindre enfin le sommet, la salle du conseil. Ce n’est pas un lieu que l’on tutoie, où l’on s’adosse les épaules courbées à un mur. On évite de faire grincer le parquet, de s’asseoir sur le velours brossé, on se loge dans un des coins, dans une douce pénombre à l’écoute de voix lointaines. Et on attend. Plus que jamais, j’ai ressenti cela en grimpant les marches menant au premier étage de la mairie en ce jour de réunion de crise, dans cette grande salle carrée au bureau ovale. Une pièce dépouillée qui invite à la concentration, un écran blanc, un plan de Millau vu du ciel et cette peinture signée Lucien Lapeyre auteur de nombreuses scènes retraçant l’épopée napoléonienne. Celle accrochée au mur est de celle-ci, un hussard et deux soldats en bicorne en discussion au pied d’un chaudron avec un vieil homme, travailleur des champs, saboté et appuyé des deux mains sur […]