SUR LA ROUTE DE SLAB CITY « C’est mon esprit qui fout la merde » – rencontre avec Halen « Si tu reviens, tu n’oublies pas, tu m’apportes une bouteille de vin, du Bordeaux, hein ? ». Dès mon arrivée à Slab City, j’avais rencontré Halen chez Jojo, écroulée dans un fauteuil éculé, à fumer de l’herbe, les jambes croisées, le corps en perdition. Du pouce, elle m’avait indiqué l’emplacement de son van, ensablé entre deux buissons d’épineux, reconnaissable aisément dans cette jungle de carcasses avec sa peinture naïve et ce message en lettres peintes « New Hope ». Trois jours plus tard, j’ai revu Halen. Elle venait de se laver les cheveux à l’arrière de son trailer sous une douche sommaire fermée d’un simple rideau rouge. J’ai mis un pied au sol, un pitbull blanc est arrivé bavant et suant pour me renifler. Halen a gueulé, elle, c’est une chienne, s’appelle Isabella. Il s’est retiré, j’ai avancé à pas feutrés de crainte qu’il ne se retourne pour venir au mieux me lécher les baskets. «C’est le bordel ici, tu fais pas gaffe ». Sous un appentis, il y avait Tom, un grand échalas, défoncé, recroquevillé dans un transat. Halen lui a gueulé dessus « casse-toi » et d’ajouter « ce soir, on bouffe du poisson ». Ici, Halen se fait appeler Mohawk, elle n’a pas décidé elle-même, c’est la communauté qui lui a collé ce nom indien en raison de sa coiffure qu’elle lisse parfois en crête Iroquois. […]