Ce petit film très certainement tourné avec une Bollex 8 mm ne dure que quatre petites minutes. Le temps de savourer une orangeade, ou bien de faire tourner dans un coin de la joue un bonbon acidulé pour en garder le goût citronné. Les images sont tournées en 1953 lors de la fête votive à St André de Vézines, ce village du Causse Noir, qui à chaque lever de soleil, regarde les flancs du Mont Aigoual s’illuminer puis s’évanouir dans les brumes matinales. On y voit hommes et femmes endimanchés, les hommes en veston et chemise blanche, les épouses en jupe plissée, tournicoter au rythme d’un accordéoniste certes édenté mais enjoué, tapant du pied la mesure, assis sur une chaise perchée sur une table de bistrot. On y voit deux motards, des gendarmes casqués et sanglés garer leurs engins pétaradant le long d’un mur de grange. On y reconnaît l’église et sa placette où l’on y joue au casse bouteille sous le regard de bambins en culotte courte à bretelles, un nœud blanc dans les cheveux pour les fillettes. 65 ans ont passé depuis le tournage de ces images tremblotantes, un doux témoignage à la fois exquis et moelleux des temps anciens où la fête du 15 août avec sa messe réunissant tous les bigots et dévots du canton, ses deux accordéonistes, ses farandoles, rassemblaient villageois et fermiers du Causse Noir, de Navas à La Bouteille, pour prier la vierge Marie, pour boire et s’engueuler, pour flirter et s’amouracher. […]