Amassada

3 novembre 2019

Des chrysanthèmes pour l’Amassada

Je me souviens d’une piste noyée dans un brouillard épais comme du saindoux. Je me souviens de notre « deuche » se dandinant tranquillement, les essuies glaces en rafale, la tirette du chauffage toute à droite. Je me souviens de cet arrêt quelque part, un nul part, sans forme, sans contour, dans un silence isoloir, sans pouvoir distinguer le moindre muret, le moindre bâtiment, la moindre cheminée de la ferme des Homs. Je me souviens avoir grimpé sur un talus, avoir tourné en rond comme un chien de garde sur les rebords indécis de cette petite dépression, en quête du moindre bruissement. Je me souviens m’être posé cette question « mais elle est où cette éolienne ? ». Un jour de Toussaint sur la route de Saint Victor et Melvieu, les Raspes fouettées d’une pluie en rideau, incisive et punitive, les souvenirs sont remontés à la surface comme lorsque l’on brouille le sédiment pour faire briller le mica. Les souvenirs dilués d’une virée sur le Larzac, ma première, à la recherche de cette éolienne financée par des dons participatifs. Le crowdfunding n’existait pas. Autre temps, autre méthode, on remplissait un chèque avec un BIC, le montant en francs faut-il le rappeler !, on découpait un bon dans « Le Sauvage » – fallait-il être abonné à cette première revue écolo créée en 1973 – on léchait le rebord d’une enveloppe et on postait le tout dans la première boîte aux lettres venue, trônant au coin de la rue. Viva la […]