Commençons par la fin, jour 3 des Résistantes, retour au bercail, petite route de L’Hospitalet, une pointe de nuit naissante, ciel chargé de nuages musclés. J’ai tourné la molette des ondes, j’ai trouvé assez facilement dans le crachotie de mon vieil autoradio les 98.6 de Radio Résistantes. Dans le poste, une voix bien connue, gaillarde, un peu canaille, celle de Léon Maillet, illustre paysan, l’un des très rares combattants de la lutte, né sur le plateau, encore sur ses deux jambes. Au micro, une animatrice, vive et pétillante, voix fraîche et picotante, elle tient le bon client, questions enjouées, réponses délayées, c’est du petit lait, pointe de cannelle saupoudrée et gouttes de cognac délayées, ça coule tout seul. Léon Maillet a cette phrase qui me colle les doigts au volant « Il est comme une bougie qui s’est éteinte ». Il parle ainsi de José Bové, le grand absent de ces Résistantes. Puis celui qui avoue verser aujourd’hui dans le complotisme ajoute pour atténuer son propos comme une excuse obligée «mais il ne faut pas oublier tout ce qu’il a pu faire et apporter». L’ombre, la gueule, la pipe, la moustache, l’engagement de José Bové, dans l’embrasement des débats, des tables rondes, des joutes, des témoignages, des utopies partagées, des voix expertes, 150 rencontres lors de ces quatre journées, ce ne fut qu’un chemtrail à peine perceptible, vite évaporé, tel un vol d’oiseaux migrateurs traversant comme l’éclair ce ciel tourmenté. Une histoire d’époque, le temps qui passe, une génération en […]