Music

11 mars 2025

Bentonia (Mississipi)…« all night long »

« Tu veux manger ? Attends, elle va te montrer ». Dans la pénombre de ce juke joint, l’homme courtois prenant soin de mon estomac et de mon manque de caféine, c’est Jimmy Duck Holmes. Mais je ne le sais pas encore. Une jeune dame écroulée sur sa chaise se redresse dans un demi sommeil et m’invite à la suivre en trainant la semelle. Nous sortons, nous passons dans l’herbe encore humide, nous tournons à gauche au coin d’une gargote aux planches mal ajustées. Devant le petit comptoir en bois, elle me dit « c’est là « . Je suis donc à Bentonia, la ligne de chemin de fer reliant Chicago à La Nouvelle Orléans à ma droite et le Blue Front Cafe à main gauche. En revenant chargé de deux boîtes plastique contenant une omelette, du porridge et 2 toasts, l’homme bienveillant m’accueille à nouveau « prenez la place qui vous convient et au fond, vous avez le café, c’est gratuit ». Je ne pense pas me tromper mais le vieil homme semble bien être celui présent également sur les affiches, posters, coupures de presse jaunies, exposés sur tous les murs et dans chacun des recoins où l’on retrouve une bardée d’amplis au côté d’un vieil juke box et d’une lignée de guitares suspendues au plafond. Ce sont celles de ce grand bluesman âgé de 76 ans, il m’interpelle « regardez, là, sur l’affiche, c’est moi, là, j’étais jeune ». Natif de ce village, il est le dernier survivant […]
11 mars 2025

Clarksdale (Mississipi)…y’a tant à chanter !

Un vendredi soir, dans la cité où serait né le blues, des petits clubs éclairés d’un lampion, quelques ombres sur les trottoirs, pas foule et au coin de la Second et de Sunflower, un gros bloc massif, le Ground Zero Blues Club. L’acteur Morgan Freeman enfant du pays, a mis des billets avec 2 actionnaires pour faire vivre le lieu. Là aussi, une simple guirlande pour éclairer l’entrée, l’intérieur est sombre, des murs couverts de graffitis à l’encre noire, des posters du boss et des bluesmen et women qui se sont produits dans ce club. Là aussi, pas foule pour un début de week end, un fille habillée dans du rose plaqué, fait la tournée des tables, c’est 12 dollars pour le concert du soir. Sur la scène, une femme virevoltante et pétillante tient le quartier, une voix puissante, c’est Chris Avey et son groupe le Avey Grouws Band en tournée venu de l’Ohio. Elle est bavarde et enthousiaste, elle raconte sa vie, elle raconte le blues. Y’a tant à chanter ! Photographies prises le 7 juin 2024 à Clarksdale (Mississipi) – USA
10 mars 2025

Les Givrées, la folie de No Mad est belle tout simplement !

Nous aurions pu nous allonger jambes tendues, bras étendus, sur un tapis de mousse. Nous aurions pu nous prendre par la main, yeux ébahis à chercher chaque détail d’une nuit forcée Pour sentir frémir ce végétal, nos corps secoués de douces vibrations, destination inconnue. Pour laisser derrière soi ce qu’il y a de plus encombrants…les mauvaises choses…les mauvaises ondes…les mauvaises gens. Guider sans retenu par cette voix directrice souhaitant la bienvenue dans l’intimité d’une histoire, d’un conte, d’un pays, d’une forêt où les sons, parfois juste sifflés se croisent, se répondent, s’envolent, clinquant, grondant, parfois doux, tonitruant, grinçant. Elodie en sortant de scène, les joues rouges d’un bonheur non dissimulé, se retournait face à son compagnon de voyage dans le beau, dans le vivant. Elle lui soufflait « on est fou ». La folie de No Mad est belle tout simplement ! Photographies prises à Buzeins (Aveyron) dans le cadre du Festival les Givrées
10 mars 2025

Les Givrées, le petit dessert dégivré des UberHits, quelle belle invite !

« Alors tu as quel âge ma petite ? »… »J’ai 15 ans » répond la jeune demoiselle… »Bon pour toi, j’ai du Pierre Perret, du Bernard Lavilliers…Tout ça, c’est de la chanson française » répond, Madame De Fuentes avec assurance, petit bout de femme, petit bout en train dans cette bande de souffleurs de mots et de rimes s’accrochant à nos tympans. Dans mon dos, la jeune stagiaire en observation chez le luthier de la rue de la Capelle marmonna timidement, à voix basse « mais moi, je n’écoute pas de musique française ». Madame De Fuentes qui a le verbe facile de reprendre très convaincante comme un refrain « Bernard Lavilliers, ça, tu vas voir, ça donne la pêche ». Ainsi, nous étions en cette fin d’après-midi, dans une lumière tamisée, tous rangés en cercle, dos aux guitares, exposées sur leurs chevalets, pour une dernière livraison tirée du sac. Des mots qui parlent certes aux anciens mais dont la valeur ne se dilue pas dans le funeste d’un quotidien migraineux. Madame De Fuentes coiffée d’une large casquette en tweed, donna de la voix avant de prendre par la main un jeune homme pour quelques ronds de jambes, le petit dessert dégivré de ce UberHits, quelle belle surprise, quelle belle invite ! Photographies réalisées lors du Festival Les Givrées dans la cordonnerie Blanc, la fleuriste Atout Fleur, la Belle Epicerie, Marché Paysan, luthier Levila
10 mars 2025

Une rave en rêve, le Larzac en bonheur d’hiver !

31 décembre, un après-midi cool à écouter en boucle l’album d’Anwar, cet artiste belgo-marocain me transportant à l’improviste sur l’Highway 10, cette diagonale filant plein coeur dans le désert californien. Trois minutes d’une si belle chanson d’amour pour ensuite m’embarquer…comment refuser…direction Clarksdale dans le delta du Mississipi où résonne ce gratté de guitare si caractéristique des vieux bluesmen accompagnant leurs voix rauques clamant aussi bien l’amour d’une vie que le désespoir des temps modernes. Cette balade musicale tendre et émotive fut interrompue par un SMS « Papa, pour ton réveillon, il y a une rave organisée ce soir sur le Larzac. Ca, c’est pour toi en photo ». J’aime encore plus m’engager quand tout surgit ainsi, à l’improviste, par surprise pour m’inviter à pousser la porte de l’inconnu et de l’imprévisible, sans connaître vraiment les codes de là où je poserai les pieds pour me fondre dans une foule au risque de passer pour le naufragé d’une nuit solitaire. 22 heures, je prenais donc la 4 voies plongée dans un brouillard si épais que je loupais la sortie 48 filant direct sur le Caylar. Petit détour pour savourer cet instant de silence dans le ronronnement du moteur, calé voie de droite, une douce chaleur me montant au visage, le nez sur le volant à scruter cette foutue bande blanche fuyante se noyant dans une brume me semblant impénétrable. Sortie 48, à nouveau, enfin, je tournais à droite, j’ouvrais les vitres, le son était bien là, lourd, puissant, répétitif, captif. J’ajustais […]