Music

11 mars 2025

Les Givrées, Emma Calvé, son intime, le sublime, le dramatique de sa vie !

Nous sommes rentrés à pas feutrés, presque intimidés, dans une douce pénombre, sans mots dire… Avec ce curieux sentiment d’appartenir à un cercle très privé, très fermé, très privilégié, comme autrefois, dans ces demeures bourgeoises, lorsque Emma Calva, dans sa fin vie en souffrance, tenait encore quelques récitals devant un parterres de notables dans la suffisance de leur richesse. La lumière s’estompa dans la pièce, nos souffles retenus dans un silence seulement trahi par quelques chaises grinçantes, les mains jointes, nos corps figés, nous nous tenions droits, nous pouvions être irradiés… Ainsi, nous avions franchi le gué voulu par Justine Wojtyniak, la metteuse en scène, une main tendue pour nous transporter dans l’intime, le sublime, les amours égarés, gâchés, le dramatique de la vie d’Emma Calvé interprétée par la soprano Inès Berlet, autant chantée que contée accompagnée de Swan Starosta en complice et pianiste. Une voix d’éclat, chaude, dorée, piquante, comme l’aurait espéré le compositeur Georges Bizet en créant Carmen. « Quand je vous aimerai ? Ma foi, je ne sais pas, peut-être jamais ? Peut-être demain ? Mais pas aujourd’hui, c’est certain » chantait Emma Calvé, en femme libre, en diva, maîtresse de sa voix, de son corps, les épaules recouvertes de gracieux boléros de perles. Spectateurs muets, nous étions ainsi invités à nous glisser dans ce tableau de sensations, de passion. J’en suis sorti ému. Photographies réalisées lors de la représentation de « L’oiseau que tu croyais surprendre battit de l’aile et s’envola » créée par la compagnie […]
11 mars 2025

Les Givrées, Nicolas Jules, conteur, charmeur, sur le sable mouvant de ses sentiments !

Petit blouson tombant sur le haut les hanches, la belle coupe de cheveux légendairement ébouriffée du matin jusqu’au plus profond des nuits de tournées aux chambres standardisées, quinze minutes avant de monter sur scène, Nicolas Jules fumait encore sa clope sur le trottoir. Puis il est rentré, allée de droite pour discuter, en apparence pas vraiment stressé. Adossés au mur, les quatre membres de la formation « Sages comme des Sauvages » l’ont chambré « ben si tu as la langue qui te pique, ben c’est que tu as roulé trop de galoches. Et puis si tu veux plus que ça pique, alors tu roules encore plus de galoches et tu seras immunisé ». Nicolas Jules est passé derrière le rideau pour quitter son blouson de cuir, micro branché, guitare accordée, la langue déliée, les picotements oubliés, il s’est lancé. Lorsqu’il chante l’amour, la solitude mais surtout lorsqu’il parle, il faut se méfier des apparences. Car ce gars-là a du bagou, lui-même l’avoue, lorsqu’il raconte avec brio des histoires « crèves silence » très personnelles et croustillantes comme des roses séchées aux épines aiguisées. Avec ce phrasé et ce timbre de voix à faire fondre les mamies émoustillées au premier rang de la salle, les yeux braqués sur l’artiste french lover aux allures d’éternel jeune premier au déhanché sans équivoque ! Nicolas Jules vous invite sur la banquette de ses tournées, dans les rades du soir, dans ces chambres d’hôtel où la télé tue l’ennui les fins de nuit éveillées. […]
11 mars 2025

Les Givrées, Tom Poisson heureux comme un cerf-volant !

Aujourd’hui, j’ai planté un arbre, précisément un cerisier, avec son petit tronc droit et effilé. L’idée m’est venue brutalement la veille, petit éclair joyeux, place du marché, devant une alignée de plants, cerisiers, pommiers, poiriers, les racines enveloppées. Ce fut un coup de cœur, un drôle de cadeau que l’on ne peut envelopper d’un beau papier cadeau, que l’on offre ainsi à sa bien-aimée, l’arbre pour ainsi dire à nu, prêt à trouver un petit nid dans une bonne terre meuble. L’arbre planté, le scion bien droit pointant son petit nez vers le ciel, je me suis changé et j’ai filé salle René Rieux écouter Tom Poisson et sa casquette fétiche, son petit pull bcbg, heureux d’être là, à chanter devant un public captif et réceptif. Tom Poisson perché sur la plus grosse branche d’un arbre mûr, c’est ainsi que je l’ai vu. « Heureux comme un cerf-volant »…Les jambes dans le vide, la guitare boite à cigares sur les genoux à chanter pour les oiseaux, les amoureux allongés sur une couverture à carreaux et pour ces fruits mûrs prêts à être croqués. Pommes, poires ou cerises, je n’ai pas su. C’était doux et acidulé ! Photographies réalisées lors du concert de Tom Poisson dans le cadre de Les Givrées le 25 janvier 2025
11 mars 2025

Les Givrées, jeu de piste musical dans l’histoire de la chanson française

« Ding…Ding…Ding »…En parcourant les allées de la MESA, un petit tintement m’est revenu aux oreilles. « Ding…Ding…Ding » comme lorsque l’on tape avec une cuillère à café sur le rebord d’un verre en cristal, « Ding…Ding…Ding » c’est le bruit si caractéristique et presque identitaire du « Jeu des 1000 euros », le doyen des jeux radiophoniques diffusé sur France Inter à l’heure de la serviette nouée autour du cou. Autrefois appelé « 100 000 francs par jour », c’est une petite fenêtre sur la France dans bas, celle des clochers en réfection et des petites salles des fêtes qui se remplissent pour applaudir les candidats sélectionnés pour ce jeu simple et hors du temps, malgré tout bien gaillard sur scène, à faire voler les enveloppes secrètes et questions pièges, près de 70 ans après sa création. Il y avait donc un petit côté « Jeu des 1000 euros » dans cette déambulation au cœur de la bibliothèque de Millau pour découvrir après un jeu de piste un tantinet sophistiqué que son homologue radiophonique le nom d’artistes icones de la scène musicale. Ainsi par groupe de 10, les candidats.tes « givrées » se regroupaient tour à tour dans la Marmothèque, ce petit cube où l’on voit la vie en rose. Le but de ce bref cloisonnement, découvrir un indice se cachant dans un titre puisé dans le répertoire si riche de la chanson française, interprété par cinq jeunes femmes la voix déliée et deux guitaristes, deux vieux routards locaux […]
11 mars 2025

LARZAC 2024…entre équilibre et souvenirs !

Au loin, soulevant un fin nuage de poussière, trois grosses berlines se dirigeaient vers la 4 voies. Pas franchement le genre de cylindrées que l’on retrouve aux abords d’une rave party. La première passa à mes côtés, puis la seconde, puis la troisième au ralenti. Vitre baissée, j’ai reconnu Madame la Sous-Préfète. Celle-ci, les deux mains sur le volant, la tête penchée pour me saluer avec un grand sourire m’interrogea « alors vous allez chercher vos enfants ? ». J’ai répondu « non, je vais simplement faire des photos ». Elle rétorqua en enclenchant la première pour quitter le chemin « et bien vous allez vous amuser ». J’aime les lieux inconnus, les ambiances imprévues, les approches à l’affût avec au choix, un téléphone et un petit Lumix se balançant au bout d’un cordon accroché au poignet, les deux écrans allumés, pour cadrer au plus serré, au risque d’être perçu comme un intrus. Cela ne manqua pas, à peine arrivé près de la scène principale dégageant un Bob Marley remixé, une jeune femme m’apostropha « ben le voilà, le plus ancien ». Je lui pointais un index sur le nez en lui répondant « tu as vu mon âge ? Imagine que tu as encore 40 ans de rave devant toi ! Tu as de l’avenir ». On s’est marrés et je suis rentré dans le pack. Gentiment chahuté, pris en photo par des jeunes gens manipulant des petits appareils argentiques, le son supportable pour mes tympans en décapotable. Puis […]