Blabla

24 avril 2020

De l’or blanc, de l’or vert

  MILLAU ET ROQUEFORT-VID   Des fleurs en ribambelle, une caresse sur la joue, tendre quotidien, En bande, en sarabande, comme des massifs coralliens, Le lilas blanc ou rose pour chasser le morose, La giroflée, en escorte, en main-forte, en osmose.   Migraineux, chapeauté, le spleen en prise, en capeline, Baudelaire se devine, son ombre, seul sous la bruine, Sa mélancolie, vile harmonie qui bat des ailes, Dans la pénombre du soir à chasser les infidèles.   Au balcon, grand tour d’horizon, des ciels fiévreux, chassieux, Des nuages en cavalcade, dans un ciel giboyeux, Ciel de goudron, à faire grincer les violons, Nuages enchâssés, à portée de mains, montgolfières ou édredons.   Je frôle des camions et encore des camions, Des allers, des retours au petit jour, tout à reculons, Faut lâcher le mégot, coup de volant, tout au rétro, Piano, piano, vitre baissée, faut pas être manchot.   Dans les fissures, dans la froidure, le petit peuple des laborieux, En forteresse, pour que le blanc marbré devienne crémeux, En charlotte, en bottes, en tabliers comme des redingotes, Soudain, le silence des besogneux, la ville est calme, on me chuchote. Photographies réalisées les 20 et 21 avril 2020 au 36 et 37ème jour du confinement à Roquefort sur Soulzon – Aveyron
16 février 2020
Festival des Templiers

Il faut peu pour lancer une idée

  Une pièce froide, un lino luisant, plus rien dans les coins. Au plafond, juste une ampoule pour éclairer cette petite chambre de gentil garçon et puis ce carton. Là, posé là…comme une valise abandonnée, dernier signal, là, en bout de quai. Dernier trait d’union, comme une dernière pelure d’oignon à peler, à pleurer, déconfis, vie en confettis. J’ai fouillé, j’ai feuilleté, des petits cahiers Héraklès. Odeur de carton humide, de papier mâché. J’ai saisis le premier, couverture rose, papier velin neige, 48 pages. Quelle classe ? C’est écrit sur la première page, lettres parfaites au rotring, année scolaire 1968 – 1969, 4ème M2 1, CES de Mehun sur Yèvre, entre parenthèse (mixte). Au milieu de la pile, un petit cahier, même format, couverture verte, le scotch a jauni mais reste collé aux quatre coins. Page 6, un cours de secourisme «comment apprendre à faire une piqûre ?». Défraîchi, jauni, vieilli, couverture kraft, un cahier de chant, des chants du Berry. Belle écriture à la plume, pas vraiment mâture mais sans rature. Fin d’année 68, j’écoutais Jimmy Hendrix, l’album «Electric Ladyland» la nuit chez Blanc Branquart, planqué sous la couette, les pieds dégivrés sur une chaufferette. La même année, debout, intimidé, devant Monsieur Carré, un prof aimable comme une pierre tombale, je fredonnais,  droit comme un piquet, poitrine ouverte »je n’avais qu’un épi de blé». Le grand écart, décollage assuré, atterrissage déjanté. A genoux sur le lino, j’ai classé le tout, trois piles, les cahiers, les livres et une collection […]
16 décembre 2019

je veux juste rester perchée

  J’aime les petites routes qui se la coulent douce, louvoyantes, coulantes, dans une nature qui glousse tendrement. La D12 entre Camarès et Brusque est de celle-ci. Vu du ciel, ruban noir sinueux presque paresseux, plaqué en fond de vallée. Tout en courbes et déliés comme une écriture fine, cherchant une porte de sortie, sans exclamation, sans point d’arrêt. Passé Brusque, passé les vieux entrepôts Rouquette, elle passe de 12 à 92 et devient coquine et cabotine. Elle perd de sa largeur, elle prend de la hauteur. La vallée se creuse, en contre bas, le Dourdou bordé dans son lit, n’a plus aucun garde fou, impétueux et sinueux, assaillant et fracassant. J’écoute Alex Beaupain, il chante «cours camarade, le passé est derrière toi». Le mot «cours» me fait bien évidemment sursauter. Il fait sombre, je mets les phares, il enchaîne «le vieux monde sent la poussière». La mélancolie de Beaupain colle au pare brise comme une nuée de moucherons un soir d’été ronchon. Je passe Arnac sur Dourdou. Est-ce le vieux monde ? La plus petite commune de l’Aveyron, trente cinq habitants, seulement six à l’année. Sont-ils vénérables, adossés à leur passé, sans pacte ni compromis, sans truquage ni pont levis ? Je passe vite, je me promets de revenir. Que l’on me conte l’histoire du charretier Cros, du curé Cloustaquart, de Caïfa, le marchant ambulant…Beaupain fredonne encore « le passé est derrière toi». J’aimerai le contredire. Le passé est bien devant moi. J’étais prévenu, la D92, c’est la route […]
16 décembre 2019

Bassons, Calvin, confessions impossibles ?

  A quelques heures près, nous apprenions dans la douce lumière d’une simple vérité bonne à écouter, le retrait de Christophe Bassons de l’AFLD. A l’opposé, nous apprenions la sanction de Clémence Calvin, dans la noirceur d’un sombre couloir où se placardent à la mauvaise colle les fausses vérités. Une coïncidence ? J’ai presque envie d’y croire. D’un côté un homme dans la résistance, dans le combat des plus viles vacheries d’un monde lâche et sans pitié. A l’opposé, une jeune femme dans l’impasse, dans l’énigme, dans le vertige, dans le fracas. Au soir de ces deux « nouvelles », je les ai imaginés dos à dos dans l’immense salle du palais des glaces, chacun se retournant pour se mettre en joue…Quel face à face ! Chacun leurs armes, des mots simples qui claquent. D’un côté un homme qui avec sa voix douce à raconter des histoires de contes et d’épées se libère et demande « mais pourquoi ?» de l’autre une femme enchaînée et emmurée dans un poison de silences se braquant « mais vous ne savez rien ». Dans ce jeu de miroirs, écho contre écho, quelle dissonance ! Christophe Bassons, c’est un gars simple, nous nous connaissons depuis plus de 15 ans. Odile et moi, nous nous sommes souvent repassés l’image de ce grand gaillard aux joues creuses, aux omoplates creuses avec son grand short sur la ligne de départ dans la nuit des Templiers. La veille, au sortir d’un petit colloque consacré au dopage, il nous […]
16 décembre 2019

Semaine 39

  Le scénario, on peut l’écrire à la lettre près, les yeux bandés. Chaque année, mi septembre, une petite lumière s’allume au fond du tunnel. Une respiration, on se frotte les yeux… pas de doute…c’est bien la fin du tunnel. Les tableaux sont alignés comme des soldats de plomb, les panneaux comme des épis de maïs, mille cartons empilés comme des containers dans le port du Havre, chacun, chacune à son ordre de mission, les livreurs se succèdent à notre porte et…patatras…c’est le début des emmerdes, des mesquineries, des coups bas, des sangsues et des tiques. C’est la semaine des coups durs et des coups bas. On la connaît, on la redoute…et là encore, bing on s’est pris une grande gifle. Semaine 39, ce fut la semaine des galères, du moral en berne et des pensées en friche. Des parkings et des barrières qui partent en fumée, des bénévoles qui font pschitt, un parcours remis en cause, des petites et grosses misères…bref la vie d’une organisation, ce fil rouge maintes fois décrit sur le quel chaque organisateur avance, sans balancier entre les mains, pointe de pied tendu, à la recherche d’un équilibre si incertain…si mal compris »Ah mais vous êtes rodés»…. »Ah bon on est rodé ??? » Phrase qui tourne en rond dans le tourniquet du Mandarous, comme un vieux vinyle grésillant…quelle foutaise ! Le plus dur, ce fut ce mail expédié par le Parc des Cévennes retoquant notre parcours Endurance Trail dans les Gorges du Tarn, un tracé pourtant […]