Jour à peine naissant, vallée du Tarn en enfilade, route déserte, vitres ouvertes, goudron grisonnant fraîchement gravillonné crépitant sous mes roues. Radio muette pour ne pas gâcher le plaisir de dévaler cette vallée avec au loin, à hauteur du pare soleil, entre deux nappes de brumes sombres, une pointe de jour perçant. Peyre, Candas, le pont de St-Rome enjambant le Tarn, se laisser ainsi glisser en toute simplicité, la rivière si proche, d’un vert puissant, vert marécage, léchant ces bordures de roseaux élégants, tiges graciles, équilibre fragile. La rivière à mes côtés, sans me lâcher, aux reflets argentés, je me suis souvenu «tu tournes à droite, tu verras un poteau bleu et tu descends». Carrefour du Mas de la Nauque, aux portes des Raspes, la route du Viala était devant moi, j’ai grimpé. Pas bien longtemps, car au poteau bleu et blanc, je suis descendu sur ma gauche. Piste sombre s’échappant sous d’immenses pins rectilignes et longilignes. Assez vite, un grand virage prononcé, en contre bas, un petit pont enjambant un filet d’eau et les premières serres sont apparues dans ce creux de vallon. Quelques voitures garées aussi, des arbres fruitiers, une maisonnette perchée sur la droite, dans l’allée, des jeux d’enfants, des ballons dégonflés, des vélos, un chien surnommé Pouncho, j’étais bien arrivé chez Mathieu et Margot. Lui, c’est un grand costaud, un gaillard cachant sous son tee-shirt aux couleurs brûlées par le soleil de beaux restes de décathlonien et d’entraîneur d’athlé qu’il fut. Margot à ses côtés, un […]