Cavalcade en Cocazie, l’aventure musicale de Frédéric Jouhannet aux confins de la Mer Noire

« Tient, tient, tient… ! » Débarrassé de cet inattendu et surprenant feuillage l’enveloppant de la tête aux épaules, le visage de Frédéric Jouhannet est apparu, cette bouille un peu lunaire qui ne m’était pas étrangère.

Le temps des partitions givrées terminées, une semaine après avoir accompagné Nicolas Jules et Roland Bourdon sur la scène millavoise, celui-ci se présentait sur une petite estrade ceinturée d’un velours noir pour un voyage musical, direction la Circassie.

Il faut ouvrir un vieil atlas sur une double page allant de la Bessarabie à l’Oural pour situer dans ce vieil empire russe, cette langue de terre nord-caucasienne buttant sur la Mer Noire, autrefois peuple montagnard et insoumis au Tsar Alexandre II, chassé de leur terre et contraint à un exil meurtrier, nettoyage ethnique affirmé.

Frédéric Jouhannet est un voyageur curieux et intrépide. Dans ces contrées isolées, tel le barde privé de la parole, il nous enveloppe de sons pour exprimer la richesse d’un folklore renaissant dont il s’est imprégné.

Au premier plan, deux petits chevaux en plâtre beige, il les caresse affectueusement comme autrefois le paysan adyguéen balayant le crin de son cheval fougueux au retour d’une croisade contre les razzias cosaques.

Le concertiste en instrumentiste bricoleur joue de sa virtuosité pour que le public se lève et se prenne par la main pour une cavalcade enchantée. Il ondule ainsi comme pour épouser le mouvement régulier de la houle. La Mer Noire de l’exil était face à nous !

Photographies réalisées sur la Commune de Rivière sur Tarn lors du concert « Cavalcade en Cocazie » de Frédéric Jouhannet