Les Givrées, Nicolas Jules, conteur, charmeur, sur le sable mouvant de ses sentiments !

Petit blouson tombant sur le haut les hanches, la belle coupe de cheveux légendairement ébouriffée du matin jusqu’au plus profond des nuits de tournées aux chambres standardisées, quinze minutes avant de monter sur scène, Nicolas Jules fumait encore sa clope sur le trottoir.

Puis il est rentré, allée de droite pour discuter, en apparence pas vraiment stressé. Adossés au mur, les quatre membres de la formation « Sages comme des Sauvages » l’ont chambré « ben si tu as la langue qui te pique, ben c’est que tu as roulé trop de galoches. Et puis si tu veux plus que ça pique, alors tu roules encore plus de galoches et tu seras immunisé ».

Nicolas Jules est passé derrière le rideau pour quitter son blouson de cuir, micro branché, guitare accordée, la langue déliée, les picotements oubliés, il s’est lancé.

Lorsqu’il chante l’amour, la solitude mais surtout lorsqu’il parle, il faut se méfier des apparences. Car ce gars-là a du bagou, lui-même l’avoue, lorsqu’il raconte avec brio des histoires « crèves silence » très personnelles et croustillantes comme des roses séchées aux épines aiguisées. Avec ce phrasé et ce timbre de voix à faire fondre les mamies émoustillées au premier rang de la salle, les yeux braqués sur l’artiste french lover aux allures d’éternel jeune premier au déhanché sans équivoque !

Nicolas Jules vous invite sur la banquette de ses tournées, dans les rades du soir, dans ces chambres d’hôtel où la télé tue l’ennui les fins de nuit éveillées. Mais pas n’importe comment, sur un ton caustique voir grinçant, un brin coquin pour suspendre au porte manteau installé dans le corridor de sa vie, ses proches, ses amours, des inconnus, vous…moi…Tour à tour ainsi écorchés, son batteur jambes nues, torse nu bien velu, embarqué un jour tel un mammifère égaré prêt à être adopté. Puis son violoniste, sa maman aussi et sa passion subite pour la peinture de chats et au passage Stéphane Chatellard, le maître de cérémonie habillé pour survivre après le dégel des Givrées jusqu’à l’hiver prochain.

Et puis à chaque fois, au détour d’une phrase à points de suspension, il y a cette chute, cette pirouette habile, parfois inattendue, façon de dire « je déconne, tu sais bien que je t’aime comme tu es ».

Finalement, on ne sait jamais si Nicolas Jules, chanteur conteur, tombeur charmeur, dit vrai lorsqu’il vous embarque ainsi dans ses dragues du soir, méharée au cœur de la nuit sur le sable mouvant de ses sentiments.

Mais qu’importe, le spectacle vivant sert à cela. A chalouper, à rêver, nous étions là pour cela !

Photographies réalisées lors du Les Givrées EcoFest’hivernal de chansons françaises le 26 janvier 2025