12 de Coeur

23 janvier 2020

Millau 2020, Et si on parlait éco !!!

  8 heures du mat, une rue du Rajol ruisselante et luisante. Des ombres pressées, pardessus détrempés. Halle du Viaduc, c’est l’heure du café, c’est l’heure de l’éco. Un maire sortant et quatre challengers devant un parterre de chef(e)s d’entreprise…Et si on parlait éco ? Rapido, 15 minutes chacun, chacune, top chrono ! Millau et son économie, sans jambe de bois, sans langue de bois ? Millau ses forces et ses faiblesses, Millau son passé, son présent, mais surtout quel avenir ? Cinq prétendants à la mairie, cinq visions, le grand écart entre anticapitalisme et capitalisme raisonné. Pour une amorce de débat, sans anicroche, un peu de cinoche, sans croque en jambes mais quelques ronds de jambes. Pour que l’économie, celle du porte monnaie et du livret A,, de l’investissement public et privé, du savoir faire local, celle qui respecte l’humain autant que notre patrimoine, s’invite dans le débat municipal. L’économie anti-fatalisme, anti-pessimisme. L’économie solidaire et innovante qui donne du sens à un pays, une ville, n’est ce pas une nécessité !     Photographies réalisées le 21 janvier 2020 à Millau (Aveyron) dans le cadre de la campagne pour les Elections Municipales 2020. Rencontre mise sur pied par le Club des Entrepreneurs, entre les 5 prétendants à la Mairie présentant leur programme économique face aux entrepreneurs millavois (Camille Valabregue, Jérôme Rouve, Philippe Ramondenc, Emmanuelle Gazel, Christophe Saint Pierre, maire sortant).
13 janvier 2020

Jour de cross au pays des Cornards

  En contrebas de Candas, le Tarn fait son caprice. Comme s’il cherchait à rentrer dans le chas d’une aiguille s’enroulant sur ce coteau, à faire mumuse avec la nature, aspirant au passage les eaux de la Muze. Puis il accélère, joli train de vagues, attention au drossage puis arrive aussitôt l’ancienne passerelle bouléguée, brassée au fond des eaux un jour de crue mordante et décapante.  Dernière écume, derniers caprices, derniers spasmes, au sortir de ces blocs de ciment concassés, le Tarn prend enfin le temps de la lenteur. Les eaux se lissent, le temps de savourer, le temps de la glisse, les Raspes sont proches.  La rivière perd de sa malice, une respiration, un sillage, des odeurs, celle des peupliers et de la reine des prés.   Sur la droite, on distingue entre deux cyprès un petit cabanon carré.  Le toit est en tuiles roses vermoulues  surmonté d’une faîtière émaillée, de celles qui sortaient autrefois des fours de Raujolle. Lorsque je navigue sur le Tarn, j’ai toujours une pensée pour Jo Vors, il était propriétaire de cette petite masure aux allures de maison de poupée. Son petit Trianon, son petit nous deux, sa petite évasion. Jo Vors, fut l’un des tous premiers organisateurs à chausser les grandes semelles de la course chapitrée populaire selon la devise »on court, on boit, on mange».  Avec sa grosse bouille et bajoues à la Michel Simon, avec sa carrure de charcutier aux avant bras musclés et sa gouaille de président du Tribunal des […]
9 janvier 2020

« ici on est bien dans notre petit coin ! »

  Arnac sur Dourdou, au pays des fraiseuses   Première à gauche au premier lampadaire, une forte descente, la mairie d’Arnac sur Dourdou se cache en contre bas du village. Au bord d’un vaste pré et de petits jardinets où les herbes folles se sont recroquevillées dès les premières gelées. Passé une ruine, une petite flèche en bois indique de contourner sur la droite le long du feuillage. Autrefois, cette habitation abritait l’école communale, au temps ancien des instits à la règle légère, des élèves au piquet et oreilles frictionnées où les cours élémentaire et moyen ne faisaient qu’un. Ce petit bourg allongé au déboulé du Rimoustel, un ruisseau sauvageon échappé des escarpements du Roc Bituir, ferme la marche au rang des villages les moins peuplés de l’Aveyron. 34 habitants seulement, 34 survivants, 6 à l’année au village, 11 à La Mouline, vu de Rodez, la capitale et son musée Soulages, à deux bonnes heures d’une route sinueuse, ce n’est que bouchée de pain d’un aigre levain dans la France des oubliés. Aujourd’hui lundi, Fernande Singer est à son bureau de Maire. A sa droite, la secrétaire met en forme le prochain bulletin municipal, les élections approchent et Guy Sales, un ancien cheminot, l’un des sept élus au conseil s’arrache les yeux sur le plan cadastral à la recherche d’un vieux sentier communal. Au fil du temps, Arnac a perdu son école, son curé, son bistrot, sa culture des fraises qui faisait du village un petit paradis «c’était la richesse […]
3 janvier 2020

Nuit bleue sur le Lévézou

  Lune curieuse, lune précieuse, lune rieuse. Juste un croissant. Je l’envie ainsi à demi-cachée, à demi-voilée. Comme un sourire parfait dans le noir bleuté d’un ciel encré à l’excès, lèvres pincées, libre de glisser ainsi, sidéral, dans ce vaste caravansérail astral. J’ai rendez vous avec le nouvel an. Sur cette route du Lévézou qui me mène je ne sais où un soir de réveillon sans cotillons ni Patrick Juvet sur le microsillon. Pas besoin de se mettre sur son 31 pour vivre ainsi un 31 en libre farandole pour sagittaire noctambule sans baby doll. Pour seul guide ? Ce croissant de lune espiègle, se cachant, se dérobant, s’évanouissant puis réapparaissant tout sourire au gré des nappes de brouillard se déchirant ici et là à l’heure des cris aux loups et du hibou. J’ai donc rancard avec ce grand bazar d’une année en reddition pourchassée par une nuit infinie. Sur le Lévézou, je plonge dans le flou. Ca oblige au silence. De toute façon, ya-t-il plus à dire ?  Ya-t-il plus à réfléchir ? Si proche des douze coups de minuit à cavaler ainsi dans le sillon ondulant des grands champs. Ca oblige au regard perçant dans le halo des phares éclairant. Pour ne voir que l’essentiel, pour fuir le superficiel. Je suis en confiance. Je rentre dans la confidence, aspiré par ce V de lumière dans lequel défilent sur les bas côtés murets, fossés, piquets bien alignés et arbres tordus, fourbus par tant et tant de conquêtes sur les vents assaillants. Je […]
9 décembre 2019
Marché des boeufs de Noël à Laissac (Aveyron) 2019

Robes brunes et blouses noires

  L’homme dégrafe sa ceinture, son pantalon glisse sur ses genoux. Il s’assoie sur le ciment dur, froid et rugueux, repliant d’un revers de la main sa blouse sous ses fesses « que voulez vous, je n’ai pas eu le temps de déplier mes ailes ». Deux jeunes femmes lui massent la cuisse droite, les pouces s’enfoncent dans le gras, il glousse l’œil titilleur «faut qu’en même garder l’sourire, heureusement qu’il me reste encore ça». Au p’tit matin, l’homme s’est fait plaquer au sol par une bête matrone au sortir de son camion. Peut être une fraction d’inattention, sans doute une génisse sauvageonne qui dévisse, les sabots qui claquent sur le métal, une tonne de muscles et de gras qui décolle et c’est pas de bol. En arrivant nuit mourante, les Palanges en soupentes, sur le foirail de Laissac, j’ai vite compris que mettre un pied dans ce labyrinthe, c’est comme de rentrer l’air effaré dans un bastringue enfiévré. Mieux vaut ne pas avoir la tête fracassée. J’ai fait deux pas, une main serrée sur la rambarde, j’ai vite été repéré, un éleveur de Lugans m’apostrophe, le doigt levé, bonne bouille, cheveux bouclés, «ici faut avoir des yeux partout». Aujourd’hui, c’est jour de marché aux bœufs gras de Noël. Deux à trois pas de plus pour atteindre l’allée centrale et ce curieux ballet, ce tourbillon à neutrons, vous  absorbe, vous aspire. Immense corral, immense alpage, immense gare de triage en ébullition…Vachers, petits commis, éleveurs au pas de course, tout en esquive, pas […]