Giovanni Parodi était membre du parti communiste italien. Cesare Salvestroni était fondateur du  parti Action Anti-fasciste. Raffahelo Giolli était critique d’art. Guiseppe Pagano était rédacteur en chef du magazine Casabella. Carmine Berera était membre du cercle des « Libres Penseurs ».

Sur ce mur long, blanc et froid, des photos incrustées, des plaques gravées et scellées, des médaillons, des ornements, des fleurs séchées. Juste un nom, un visage, une date de naissance, une année de décès. 1944, 1945, le plus souvent, sans date précise.

Sur la droite, une photo attire le regard plus que d’autres. Un médaillon légèrement bombé, en porcelaine blanche et laiteuse, rivé à la pierre. Un nom, celui de Guido Ghizzi, né le 15 juillet 1902 à Guidizzolo, une petite ville de la province italienne de Mantua en Lombardie, exécuté par les nazis le 28 mars 1945 dans le camp de la mort de Mauthausen, cette forteresse de granite construite sur les hauteurs du Danude dans une Autriche alors annexée à l’Allemagne.

Le destin de cet homme ? Il n’y a plus aucun secret sauf pour les salauds de négationnistes. Il fut raflé, parqué, affamé, humilié, méprisé, dépouillé et enfin gazé…ou…asphyxié, ou torturé, ou noyé, où brûlé à vif sur les clôtures à haute tension, ou battu à mort, où infecté par un virus…nul ne sait. Nul ne saura.

La vie de cet homme au regard sombre ? On peut tout supposer, figé et malmené, au pied de ce mur aux larmes séchées. Il a sans doute aimé sans hésiter, espéré mais douter, milité mais craindre, rêvé puis se saouler. Entre rires et pleurs. Pour croire en tout, en des petits rien. En avançant d’un pas, en reculant de deux. Il a sans doute fraternisé, échangé et partagé, uni et solidaire. Sans jamais faillir, juste des mots, des idées, un idéal… au risque de mourir.

 

 

Photographies réalisées à Mauthausen (Autriche) dans le camp de concentration nazi où 120 000 à 300 000 déportés (selon les sources historiques)

ont subi la folie meurtrière du troisième Reich.