Jour de foire pour bêtes de concours

Sarah, Vanessa, Alexandra…des noms de scène.

Soudainement, elles font le dos rond…on se précipite,

On leur lève la queue,

D’un jet dru, elles pissent, elles chient dans un seau tendu.

Avec soin et adresse, on leur essuie le cul.

Puis la toilette reprend. On tond, on époussette, on laque, on maquille, on brosse.

Coincées entre quatre fers, dociles, Sarah, Vanessa, Alexandra font malgré tout les yeux doux.

Ce sont des bêtes de concours.

On leur tient la tête haute, le dos doit être plat, une ligne rectiligne parfaite.

Sur cette ligne tendue, le poil est coupé puis hérissé au peigne fin.

Grosse amphore nervurée, le pie doit être rose laqué polaroïd,

Les côtes sont dessinées, striées. Sur les flancs, se devinent des arcs aux reflets parfaits sur des robes marbrées,  mouchetées.

La queue doit être brossée, époussetée, rituel d’avant mise en scène.

La musique retentit, le speaker annonce la belle de Normandie, la belle d’Aubrac, la belle du Vercors.

C’est salle Pleyel pour nos belles de campagne et de montagne aux sabots vernis.

En chemise blanche et nœud papillon rouge, le vacher est nerveux. Il tient la bride haute.

Ses souliers ne sont plus trop vernis.

Reportage réalisé le 27 février 2018 au Parc des Expositions de la porte de Versailles à Paris lors du Salon de l’Agriculture